L'ingéniosité végétale
Chaque mois, nous vous présentons un étudiant qui, grâce au soutien de la cellule HELMo Entreprendre, s’est lancé, en marge de son cursus scolaire, dans un projet d’entreprise. L’occasion de découvrir différents profils d’étudiants, en quête d’un apprentissage à la fois théorique et centré sur le concret
Inscrit en 3ème année de bachelier Ingénieur industriel à HELMo Gramme et fondateur de POLY3DRE, cet étudiant de 23 ans a réussi ce qui, pour beaucoup d’entrepreneurs, pourtant entourés d’experts en marketing, s’apparente à une mission impossible : faire cadrer son produit avec les attentes du marché. Nous avons rencontré Arnaud dans son kot, entre ses cours de math, sa petite serre remplie de plantes et ses deux imprimantes 3D.
Arnaud, raconte-nous comment est né POLY3DRE, le projet pour lequel tu as obtenu le statut d'étudiant entrepreneur en octobre 2021 ?
« Avant d’avoir cette idée, j’avais l’intention de lancer un service d’impression 3D personnalisé qui permettrait de réparer un objet encore utilisable en remplaçant l’une de ses composantes. Mais, lors de l’entretien qui m’a permis d’obtenir le statut d’étudiant entrepreneur, il m’est apparu que cette idée serait trop chronophage pour être viable et rentable. »
Et c'est ta copine, étudiante en journalisme, qui t'a, en quelque sorte, donné une autre très bonne idée.
« Elle avait en effet démarré une collection de plantes d’intérieurs. C’est elle qui m’a transmis le virus du végétal. A force de surfer sur des sites et des plateformes qui rassemblent d’autres passionnés, nous sommes entrés en relation avec une Internaute qui cherchait désespérément des tuteurs modulables. Ma copine m’a dit : ‘toi, tu peux le faire’ : le début de l’aventure. »
Tu avais l'idée et l'imprimante 3D pour la réaliser. Comment tu t'y es pris pour passer de la théorie à la pratique ?
« Jusque-là, les passionnés de plantes réalisaient leurs tuteurs de manière artisanale, avec des restes de grillage, par exemple. J’ai opté pour un produit en plastique recyclable et recyclé composé de plusieurs plaquettes assemblables entre elles. J’ai cherché à concevoir un produit pratique, mais aussi joli. Cette première cliente l’a adoré et en a parlé sur les réseaux sociaux. Dès le mois de mai 2021, j’ai reçu d’autres commandes et la machine s’est mise en route. »
Très vite, tu as investi dans une seconde imprimante 3D pour augmenter ton volume de production, mais tu n'as pas transigé sur tes valeurs. Explique-nous.
« Si le design des produits POLY3DRE est soigné, je fais aussi en sorte qu’ils répondent à certaines normes précises. Fidèle à ma philosophie de base, je veux que mes tuteurs soient facilement réparables. Il suffit de remplacer une plaquette. Quant au plastique qui, forcément, se devait d’être compatible avec un environnement humide, c’est du PETG ; celui qu’on utilise pour les bouteilles d’eau. Il est majoritairement recyclé et de fabrication européenne. Et quand c’est possible, je crée moi-même les bobines qui accueillent les filaments de plastique – ma matière première - pour éviter les déchets inutiles. »
Après le tuteur, tu aurais pu en rester là. Ça n'a pas été le cas.
« J’avoue que ce projet est très chronophage, mais comme tout s’est fait assez naturellement, j’ai embrayé sur d’autres produits. Après avoir créé Esqueleto, mon tuteur modulable, j’en ai imaginé une version mini (le Minima), puis un pot perforé en 2 tailles (le Mossnest) et enfin un petit support pour boutures, en verre et plastique blanc , qu’on peut suspendre sur une crédence de cuisine, ma dernière création. Ce sont généralement mes clients qui me contactent avec un besoin précis en tête. Je réalise un croquis, puis un prototype et si le produit leur plait, je le réalise en plusieurs exemplaires pour d’autres clients. »
D'emblée, tu as trouvé un nom pour la marque, dessiné toi-même un logo et communiqué sur les réseaux sociaux. Plutôt impressionnant !
« Le nom et le logo sont venus assez vite. Les prix, je les fixe grâce à un calculateur que j’ai moi-même créé et qui me permet de quantifier la quantité de matière nécessaire à chaque produit. Quant à ma stratégie sur Instagram, j’essaye qu’elle soit aussi spontanée et sincère que possible. Je communique autant sur mon aventure végétale personnelle que sur mes produits. Si, à ce stade, j’ai déjà été contacté par des magasins de plantes qui souhaitaient vendre mes produits, j’ai pour l’instant décliné leur offre. Je ne pense pas être capable, d’un point de vue logistique, d’augmenter mon volume de production. Pour fabriquer un tuteur composé de 6 plaquettes, mon imprimante travaille 2 heures 40. Pendant ce temps, j’étudie ou je travaille sur le projet. Difficile de quantifier le nombre d’heures que je consacre à POLY3DRE. Beaucoup, probablement. Et pour l’instant, je préfère me concentrer sur mes études. »
Suivez Arnaud sur Instagram @POLY3DRE
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Contact: Marie Honnay
Publié le : 25-03-22