Pour clôturer l’année, HELMo Alumni a choisi de mettre un coup de projecteur sur un Alumni pourtant discret, Christian Keba.

Diplômé du Bachelier Infirmier et soins Généraux en 2012 puis de la Spécialisation en Pédiatrie et Néonatalogie en 2013, il nous raconte comment il est devenu chef du service de gérontologie du CHR Citadelle. Une rencontre remplie d’humanité qu’HELMo Alumni vous partage.

Son arrivée en Belgique

Originaire de la République démocratique du Congo, Christian arrive en Belgique le 14 août 2007 à l’âge de 17 ans. Il est accueilli en famille d’accueil du côté de Trois-Ponts et a tout de suite un très bon contact avec Edouard, le fils de sa famille d’accueil. « Dès le lendemain, il m’a emmené au 15 août à Liège et j’ai tout de suite découvert le folklore liégeois », explique Christian. Il s’intègre facilement. Christian a aussi 2 grandes sœurs infirmières qui vivent déjà en Belgique. Elles le prennent sous leurs ailes.

Parcours scolaire

Son diplôme d’humanité congolais n’est pas reconnu. Pour le valider, il suit alors une année préparatoire à Sainte-Julienne secondaire. L’équivalence en poche, Christian prend le temps de choisir sa voie. Alors qu’il a toujours rêvé d’enseigner, il choisit pourtant de suivre les cours en tant qu’élève libre à la Faculté de Médecine de l’ULiège et à HELMo Sainte-Julienne, dans le cursus Infirmier. « Je me sous-estimais pour oser me lancer en médecine et financièrement, je ne pouvais pas me le permettre », explique Christian. En plus, il constate que les études d’infirmiers sont très concrètes et que les groupes-classe sont plus petits, ce qui lui plaît particulièrement. Il entame donc en septembre 2009 son bachelier Infirmier.

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HELMo Sainte-Julienne et premières expériences professionnelles

Il se souvient très bien de son passage à HELMo et des professeurs comme Mme Janssen, Mme D'Urso ou Madame Piron, sa titulaire en pédiatrie mais aussi de Monsieur Bataille et de Mme Lacroix, la secrétaire du département, « motivante et toujours à l’écoute ».

Après ses 3 années de Bachelier, Christian a envie de prolonger ses études. « J’étais animateur au patro au Congo, je me projetais au travail avec des enfants », raconte-t-il. Son stage de troisième en pédiatrie au CHC de Montegnée le conforte dans son envie. Il y travaille durant l’été et décide d’entamer une spécialisation en pédiatrie et néonatalogie à HELMo Sainte-Julienne, tout en travaillant en tant qu’infirmier à Montegnée.

Christian effectue un bon stage à la salle 57 du CHR Citadelle, au service d’onco-hémato pédiatrique. Il y est engagé à 4/5ème temps dès son diplôme en poche. Il aime vraiment son métier, le contact avec les enfants et les familles mais aussi avec ses collègues.

Mais Christian a soif d’apprendre et il continue parallèlement ses études en suivant un Master en santé publique et gestion des institutions. « Je voulais me prouver que j’étais capable d’aller plus loin et j’avais toujours la volonté d’enseigner un jour. Il m’a semblé que le master pourrait m’y aider».

Durant son master, il seconde sa cheffe qui est en fin de carrière et il est engagé à la suppléer durant 1 an et demi dès qu’il est diplômé, en 2016.

Evolution professionnelle

En juin 2017, il est engagé aux urgences pédiatriques comme infirmier durant 6 mois. En janvier 2018, il devient chef de service en infectiologie pédiatrique et cellule maltraitance. "Les gens étaient contents de mon passage et moi aussi, de travailler avec eux », raconte Christian. « J’ai pris les opportunités qui venaient à moi », explique-t-il.

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Quand le covid s’en mêle…

Alors qu’il gère la salle 51 en pédiatrie, la crise du Covid arrive. Lors de la première vague, le service est à 1000 lieues du covid. « La salle était loin d’être remplie », dit-il. Durant la seconde vague, le salle 51 ferme et l’équipe est dispatchée. Il vient en renfort dans la salle covid pour adulte. « C’était un changement radical, compliqué pour tous moralement. Le personnel avait beseoin d’être écouté, rassuré, aidé pour certains afin de passer le cap. La confrontation avec la mort y est nettement plus fréquente qu’en pédiatrie. C’était difficile pour les membres de l’équipe », confie Christian.

Son passage en salle adulte lui donne donc une autre approche du métier. Et en mai 2021, le directeur de l’hôpital lui propose le poste de Chef de service en gériatrie et hygiène hospitalière faisant fonction. Il passe des examens et depuis le 7 décembre il est officiellement conforté dans la fonction. Même s’il garde un réel intérêt pour le travail en pédiatrie, Christian aime son travail et veut être là où on a besoin de lui. « J’aime relever les défis et les challenges et je me sens reconnu dans mon travail », explique-t-il. Il accepte. Il met en place la vaccination et la gestion des équipes.

« En gériatrie, la gestion du Covid est encore deux fois plus difficile »

« Le secteur est peu attractif et manque réellement d’infirmiers. L’équipe est à bout. Et c’est frustrant de ne pas savoir apporter des solutions », confie Christian. Et il ajoute « J’aimerais avoir un bâton magique... Les politiques doivent jouer leur rôle pour favoriser un meilleur encadrement... Il faut travailler sur l’attractivité du secteur et des équipes hors crise Covid...A mon niveau, mon rôle est de la valoriser, de reconnaître que c’est compliqué, de ne pas laisser tomber les collègues ».

C’est avec l’envie de casser les préjugés sur les services de gériatrie que Christian est d’ailleurs venu récemment rencontrer nos étudiants pour leur parler de la gériatrie. « Travailler en gériatrie, c’est une prise en charge du patient multi-technique. C’est très enrichissant. C’est l’avenir finalement » affirme-t-il.

Son service accueille les stagiaires et Christian veille à leur bonne intégration et au partage d’expérience. A présent, Christian aimerait se laisser le temps d’appréhender la fonction et montrer qu’on peut lui faire confiance. « Dans notre métier, on est polyvalent », précise-t-il.

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Un management bienveillant

Après avoir tourné dans de nombreux services, Christian connaît bien le personnel. « C’est très enrichissant et j’essaie d’être bienveillant et respectueux, je reconnais les difficultés (les miennes et celles des autres) et ils savent bien me le rendre », explique-t-il.

Christian aborde la question du management d’équipe en centrant les solutions sur l’humain. « On dit de moi que je suis à l’écoute », raconte Christian. « J’explique les décisions et j’essaie de leur donner un sens, de les assumer en expliquant ce qui a motivé tel ou tel type de choix, même si ces derniers ne sont pas de mon ressort ... Et ça se passe bien avec mes collègues; ça me motive à rester dans le service ».

L’humain d’abord !

Si Christian aime vraiment le contact avec les patients, il veille à passer encore dans les salles pour rester en contact avec les équipes et avec le terrain. « Même 2 minutes, un bonjour, ça fait toujours plaisir ».

Si au départ il n’avait pas confiance en lui, aujourd’hui, il est sûr de lui. « Je fais de mon mieux et j’espère que l’année prochaine sera meilleure, toujours enrichissante ».

A la question sur son vieux rêve de devenir prof il répond sans hésiter qu’il accepterait tout de suite de venir quelques heures en classe.

Mais aujourd’hui, après avoir travaillé 4 ans comme infirmier et 4 ans comme responsable, Christian aimerait pérenniser sa fonction. « Puis on verra bien selon ce qui arrivera ».

Dans sa vie privée, Christian, qui pratiquait plus jeune les sports d’équipe, s’est mis à l’athlétisme et au jogging depuis quelques années. Il chante aussi depuis 5 ou 6 six ans dans la chorale Gospel ACTION TEAM. Après la seconde vague covid, en juin 2020, il est d’ailleurs venu chanter avec la chorale, au centre de la citadelle durant les changements de pause pour le personnel soignant.

A 32 ans, marié et bientôt papa de jumelles, Christian ajoute que sa famille, ses sœurs, ses tantes sont très importantes dans sa vie.

HELMo Alumni en profite pour remercier Christian et l'ensemble du personnel soignant qui continuent de se serrer les coudes pour apporter les meilleurs soins possibles aux patients, malgré les conditions difficiles.