Parcours d'alumni : Jacques Lecart, diplômé du cursus éducateur.trice spécialisé·e en animation socio-culturelle et sportive
Trouver sa voie n’est pas toujours un chemin linéaire. Pour Jacques Lecart, diplômé du cursus Educateur.trice spécalisé·e en animation socio-culturelle et sportive à HELMo ESAS en 2019, le déclic viendra du numérique et du sens donné à l’engagement social. Aujourd’hui, il transforme les écrans en leviers d’autonomie et d’e-citoyenneté, tout en militant pour le droit à la non-connexion.
Des débuts en quête de sens
Originaire de Bastogne, Jacques poursuit ses secondaires en changeant plusieurs fois d’orientation : il quitte l’enseignement général pour la transition, puis la qualification, avant de revenir ensuite au général. Avec l’option sciences sociales, il découvre les écrits de Bourdieu et Durkheim. Ils le passionnent bien plus que le reste des cours.
Diplômé, il entame une première année d’études supérieures à Beeckman pour devenir professeur d’éducation physique. « Le sport est la discipline qui m’avait permis de m’accrocher à l’école car mes années de secondaires ont été un calvaire, pour moi », confie Jacques. « Rien ne m’intéressait, à part les sciences sociales et le sport. J’avais eu d’excellents profs d’éducation physique et je trouvais que le sport était une très bonne façon pour l’enfant de s’exprimer. »
Après une année dans cette section, Jacques réalise qu’il n’a pas assez de discipline pour assimiler des matières exigeantes comme l’anatomie. Il se réoriente. « J’avais besoin de me préparer à un métier qui ait du sens, pour exercer un travail cognitif et pas uniquement technique ». Influencé par le travail d’éducateurs de ses parents, il envisage cette voie. Il visite plusieurs écoles et, en rencontrant les enseignants de HELMo ESAS, il ressent qu’il pourra y développer ses projets, ses idées, avec une certaine liberté d’action. « Ça a été le cas. », confirme Jacques.
Le déclic numérique
Après plusieurs stages en milieux socio-culturels, celui de bloc 3 au sein du service e-learning de HELMo est une révélation. S’il s’intéresse au numérique, c’est aussi parce qu’à l’époque, il est passionné par les jeux vidéo et le e-sport. Cette « vie à côté » lui apporte des connaissances en autodidacte.
« J’avais envie de transmettre, je me suis spécialisé dans ce domaine. Je trouvais dommage qu’on n’utilise pas mieux le numérique par rapport aux supports de cours. »
Pour lui, le numérique est une opportunité pour apprendre autrement, à condition qu’il ne soit pas vécu comme un fardeau. Cette idée le guide. Il veut faciliter la prise en charge du numérique par les enseignants. Le stage devient une aubaine.
En septembre 2019, il est diplômé à l’ESAS. « C’était une belle revanche pour moi par rapport à mon parcours en secondaire, une victoire de réussir sans embûches. » Il se souvient que c’est la liberté ressentie dans les apprentissages qui lui a permis d’aller au bout et qui l’a révélé.
Après son diplôme, il enchaîne les boulots, entre contrats éphémères et postes trop lourds, notamment au service de placement pour enfants.
Le Monde des Possibles : épanouissement et engagement
En juillet 2022, il entre au Monde des Possibles. L’association accueille et aide les migrants au niveau socio-juridique, en FLE et en formation numérique, entre autres. Jacques y est chargé de projet numérique. Sa mission première : former les adultes au numérique. Objectif : viser l’autonomie numérique des personnes et favoriser une prise de conscience et un éveil d’e-citoyen. Il donne aussi des cours d’informatique aux adultes ou à ses collègues.
L’association survit grâce à des fonds publics et privés, notamment des fonds européens. Les travailleurs sont sensibilisés à cette fragilité du système économique associatifs et sont invités à prendre part au processus de rédaction de dossiers d’appel à projet. Jacques participe aux projets Digilab’, Migralink’ et Care.
Le projet « Care » lui tient particulièrement à cœur. Il y développe des animations pour lutter et sensibiliser à la cyberviolence et le cyberharcèlement, avec plusieurs ressources à utiliser en classe. Il parvient à ouvrir le débat à travers ses animations. Et on fait régulièrement appel à lui pour aborder cette thématique. « Les mécanismes qui régissent la cyber-haine sont troublants, cela attise ma curiosité et mon dévouement pour lutter contre ce phénomène. »
Un engagement qui dépasse le travail
« Aujourd’hui, je me sens vraiment à ma place », témoigne Jacques. « Si j’ai eu du mal à trouver ma voie, je n’aurais jamais cru en arriver là. Je travaille dans un cadre structuré mais avec une réelle liberté pour développer des actions concrètes. On me fait confiance". Le numérique occupe une place centrale dans son quotidien. « Je n’ai pas l’impression de travailler, c’est un véritable plaisir », ajoute-t-il.
Pour lui, l’action sociale nécessite un certain travail de veille. Les discours d’extrême droite, les fakes news ou la cyber-haine sont des thèmes très actuels sur lesquels Jacques consacre la majeure partie de son temps libre. Et il ajoute « l’action sociale ne vaut rien sans pensée sociale » : il faut toujours se demander, « Qu’est-ce qui va permettre aux gens d’accéder à l’autonomie ? » L’objectif principal est que chacun puisse reprendre le pouvoir sur sa vie et ses choix.
Jacques a encore de nombreux projets en tête ou couchés sur papier. Et lorsqu’il a besoin de redonner un souffle à sa créativité, il visionne la Vidéo Pages Blanches d’Alt 236. Il se sent investi par son travail. « Je me sens utile et cela me permet de me réaliser aussi en tant que citoyen », conclut-il.
Article rédigé en octobre 2025.