HELMo Alumni a rencontré Thomas Jacquet, diplômé de HELMo ESAS en 2016. 

Passionné par son travail au sein du CIAJ de Seraing, Thomas n’a pas trouvé sa voie du premier coup. Il partage sans tabou son expérience personnelle. S’il a traversé des périodes de doute, il est aujourd’hui satisfait du chemin parcouru.

Son parcours scolaire.

Thomas termine ses secondaires au Lycée de Waha où il dit avoir apprécié la pédagogie active et « l’approche humaniste et engagée déployée au sein de l’institut ». Se positionnant résolument à gauche, né d’un papa formateur de délégué syndical métalo et petit-fils de grands-parents engagés dans des carrières syndicales, Thomas baigne depuis tout petit, sans s’en apercevoir ,dans les questions de justice sociale.

A 18 ans, animé par son goût pour le sport, Thomas commence des études supérieures à Beckman. Mais après un an, il se rend compte que ce n’est pas sa voie. Il arrête ses études et enchaîne les petits jobs. Il remarque très vite qu’il est compliqué de se sentir respecté dans son travail avec seulement un CESS. Il a aussi envie de trouver du sens dans ce qu’il fait. Attiré par les métiers du social et développant de bons contacts avec les jeunes, Thomas décide, après une longue réflexion, de poursuivre des études d’Assistant social à HELMo ESAS.

Ses études à HELMo ESAS

Les deux années qui précèdent son inscription à HELMo ESAS lui ont fait perdre confiance en ses capacités. Au début, le rythme scolaire lui fait peur mais finalement il ne gère pas trop mal. Les cours de droit pénal, de droit civil et de sociologie de la déviance l’intéressent particulièrement. Thomas approuve aussi la dynamique de l’école, les rapports enseignants-étudiants et étudiants-étudiants. Il aime les petits travaux en sous-groupes. Globalement, les années à HELMo ESAS passent très vite.

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Des stages enrichissants.

Thomas se rappelle aussi de ses stages. Il a la chance de trouver son premier stage d’observation en AMO au SAS (Service d'Actions sociales de Saint-Léonard). C’est la révélation. Il découvre le métier qu’il a envie d’exercer : travailler à la demande du public. Il se met vite dans le bain et sa maître de stage le met en confiance. Il en ressort très motivé et décide de continuer à travailler bénévolement dans l’école des devoirs du SAS. Il y tisse des liens qui renforcent son réseau.

En deuxième année, Thomas effectue son stage au Monde des possibles, une AMO d’éducation permanente qui s’occupe des formations pour le public migrant ou sans papier. Si les moyens sont faibles, les aspect relationnel et humain sont très enrichissants. Thomas prend conscience de la difficulté de la question migrante. « J’étais frustré car je réalise qu’au lieu d’intégrer les migrants, la politique sociale telle qu’elle était pratiquée incitait plutôt à la clandestinité. Les démarches administratives sont très complexes pour les demandeurs d’asile ».

En dernière année, Thomas doit pratiquer un stage de 3 mois et il décroche une place au CIAJ de Seraing où il s’épanouit. Le CIAJ, Centre d'Information et d'Aide aux Jeunes de Seraing existe depuis 40 ans et a toujours privilégié les contacts directs avec les jeunes là où ils vivent, dans les quartiers. "Dès le premier entretien avec la direction et le personnel, je sens que je deviens un travailleur. Je poursuis mon stage au-delà du temps imparti afin de finaliser un projet créé avec des jeunes », raconte-t-il.

Ses premières expériences professionnelles

Diplômé en 2016, il cherche du travail dans des organismes de type AMO. Après des envois de cv de manière spontanés et sans résultat, Thomas prend son téléphone et après quelques appels, il décroche un entretien à l’ASBL Oxyjeune, une AMO située à Verviers. Il y est embauché pour 1 an et demi.

Il enchaîne dans un Centre de Santé mentale à temps partiel et en mars 2018, le CIAJ le rappelle pour lui proposer un mi-temps. Quelques mois plus tard, il y est engagé à temps plein.

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Son travail au CIAJ

Thomas est passionné par le travail social et se sent bien dans au CIAJ. Thomas y travaille avec les jeunes qui décrochent scolairement dans le secondaire. Il cherche avec eux et leur famille des pistes de solution pour les aider à se construire.

Ce qu’il apprécie particulièrement c’est que son public vient à lui librement et non contraint.

La première chose qu’il travaille c’est le lien avec le jeune et avec la famille. Il a une approche socio-éducative et travaille à la demande des parents ou du jeune. Au CIAJ, la démarche en famille se fait en binôme. « Travailler à deux apporte une vision plus large. Cela permet une meilleure analyse du système familial. On voit comment on peut intervenir en veillant à ce que les bénéficiaires restent acteurs », précise-t-il. Les travailleurs sociaux co-construisent avec les jeunes et leur famille.

Actuellement il suit environ 10 familles et au fur et à mesure, les rencontres s’espacent. L’objectif étant de les rendre autonome.

La deuxième mission que Thomas exerce au sein du CIAJ, après son mi-temps en famille, est un travail dans la cadre du programme Amarrage (projet fond social européen) destiné au 15-25 ans.

Cette partie de son travail a une dimension plus collective. Il implique un contact avec la rue et les jeunes. A la demande du jeune, l'équipe cherche ainsi avec lui quel serait son souhait, comment on peut construire sa demande. Elle lui propose des cartes et c’est lui qui choisit celles qu’il prend. " Au CIAJ, on n’est pas dans le contrôle et le bénéficiaire reste acteur. On « prévient » mais on ne prend pas la place ».

Tributaire des subsides publics, Thomas ne saura qu’en juin si sa mission dans le cadre du projet Amarrage peut se poursuivre. Mais Thomas aime aussi la philosophie et les valeurs du CIAJ et il s’y sent comme un poisson dans l’eau. Passionné par son job, il se sent bien où il est et Il assume le risque de perdre un mi-temps.

Ses loisirs

Parallèlement à son job, Thomas pratique beaucoup de sport même s’il n’est plus inscrit en club. Thomas aime aussi voir ses amis, aller au théâtre ou au cinéma.

Engagé politiquement, Thomas n’est pas attaché à un parti en particulier. Ses amis l’appelle d'ailleurs « l’anarcho-syndicaliste ». Il s’intéresse aussi aux mouvements syndicaux. Il participe à de nombreuses manifestations, en particulier celle qui défendent la justice internationale et la question de la cause palestinienne (son grand père est palestinien).

Sa phrase fétiche : rien ne sert de courir. Il explique : « De nos jours, on court après le temps. Du coup un échec devient vite catastrophique. Pourtant prendre le temps de se connaître, de faire les bons choix, c’est important. L’échec c’est aussi positif. Ca fait partie du chemin ».

Bonne route Thomas !